Alors que
Monsanto, Novartis, AgrEvo et DuPont se lancent tête baissée à
coups de milliards de dollars dans les biotechnologies végétales,
Alain Godard, président de Rhône-Poulenc Agro, a choisi de mettre
en place une stratégie plus prudente basée sur la
complémentarité des techniques chimiques et biotechnologiques.
Une prudence qui est aussi de rigueur chez Dow Chemical et BASF qui
amorcent, à leur tour, le virage des biotechnologies
végétales.
Ainsi, chez Rhône-Poulenc Agro, des matières actives chimiques,
telles que les insecticides Fipronil et Acétamiprid, les herbicides
Isoxaflutole, Flurtamone et Oxadiargyl et le régulateur de
croissance Cyclanilide, devraient continuer à nourrir la croissance
du groupe pendant de nombreuses années. Cinq autres lancements
sont programmés sur la période 2001-2006 et Rhône-Poulenc Agro
ne devrait pas en rester là. Doté des outils de recherche les
plus modernes, le groupe dispose maintenant d'une capacité de
criblage d'un million de molécules par an, tandis que son
centre de recherche de Sophia Antipolis, spécialisé en toxicologie
prédictive, permet de recaler très tôt les produits douteux.
Pourtant, la révolution des biotechnologies est en marche même
si, pour l'heure, "on arrive difficilement à savoir ce qu'elles
vont apporter et surtout quand", estime A. Godard. A
l'horizon 2005, la part des biotechnologies ne représentera
que 30 Mrds F sur un marché agrochimique mondial de
220 Mrds F. Pour préparer l'avenir, Rhône-Poulenc Agro
consacre cependant 15 % de son budget de R&D aux
biotechnologies, principalement à la modification des caractères
agronomiques des plantes. Le groupe a ainsi développé un gène
de totérance au bromoxynil qui a d'abord été transféré au coton. Le
groupe place maintenant de grands espoirs sur le transfert de ce
gène à d'autres cultures comme le canola, le colza et le trèfle.
Et, d'ici à l'an 2000, des plantes mères tolérantes aux
herbicides HBN (bromoxinyl, ioxynil), aux isoxazoles et au
glyphosate, avec ou sans gène Bt (gène d'activité insecticide du Bacillus
thuringiensis) devraient être disponibles pour les principales
cultures. En revanche, pas d'intégration en aval dans les
semences. Les prix du marché sont aujourd'hui prohibitifs et
Alain Godard préfère conserver du cash au cas où des opportunités
se présenteraient. En contrepartie, le groupe joue la carte de
l'innovation et multiplie les partenariats avec des semenciers. Une
voie radicalement différente de celle des groupes agrochimiques qui
s'intègrent dans les semences avec la ferme volonté de contrôler à
terme l'ensemble de la profession.
Enfin, depuis deux ans, le groupe a encore élargi son champ
d'activités avec le lancement de programmes de recherche sur la
modification des qualités intrinsèques des plantes. Dans ce
domaine, Rhône-Poulenc "n'est ni en avance, ni en retard sur ses
concurrents", mais il lui faudra probablement patienter
jusqu'en 2005 pour récolter les fruits de ses premiers
travaux. Cette fois, le marché visé n'est plus celui de
l'agrochimie, mais celui de l'alimentation. Dix fois plus
vaste, ce marché, qui se chiffre en centaines de milliards de
dollars, est également très convoîté par DuPont. Ce dernier va
pouvoir lui consacrer une part des 4,4 Mrds $ que lui a
rapportés la mise en Bourse de Conoco. n
Agrochimie/Rhône-Poulenc Agro mise sur la synergie biotech-chimie
Nous vous recommandons
Valeant rachète PharmaSwiss
Le laboratoire canadien Valeant Pharmaceuticals International, basé à Mississauga en Ontario, vient d'annoncer l'acquisition de la société suisse PharmaSwiss, spécialisée dans les[…]
Imagerie médicale : Lilly rachète Avid Radiopharmaceuticals
