À l'occasion de son congrès biennal, la société américaine a présenté AspenOne, une organisation simplifiée de son offre, lors d'un show spectaculaire. Elle veut ainsi marquer la fin de deux années difficiles.
Le congrès mondial d'Aspen Technologies, qui s'est tenu à
Orlando en Floride du 10 au 15 octobre 2004, n'avait rien à
voir avec l'édition précédente. Une semaine avant la grande messe
des solutions informatiques pour les industries de process, qui
avait lieu à Washington en 2002, la société annonçait le
licenciement de 400 employés sur les 2 000 que comptait
alors la société. Et son offre de nouveaux produits avait été jugée
« confuse » par certains clients. Cette année,
sous le soleil de la Floride quelque peu abîmée par trois ouragans
successifs en septembre, l'ambiance était beaucoup plus légère.
Notamment grâce au règlement positif de la Federal trade commission
(FTC) relatif au rachat d'Hyprotech, deux ans plus tôt. En effet,
pour la première fois, la FTC se penchait sur le dossier d'un achat
de société inférieur à 100 millions de dollars pour observer
les distorsions de concurrence. Un rude coup pour Aspentech qui a
dépensé de l'énergie sur ce règlement plutôt que sur le
développement de ses activités. Mais le dénouement est
positif : AspenTech conserve le droit de vendre et de
développer les produits acquis, exceptés Axsys et Otiss. Par
contre, la société doit vendre les services de formation relatifs à
la ligne de produits d'Hyprotech ainsi que les droits afférents à
ces services.
C'est donc l'esprit allégé de ce poids que David McQuillin, P-DG
d'Aspentech (remercié depuis), a annoncé la grande nouveauté de
cette édition devant 1 800 personnes. Un show moderne,
ambiance Matrix avec des lignes de codes vertes défilant sur
écrans, des lasers et une troupe de neuf danseurs pour dévoiler la
nouveauté : AspenOne. Cette solution se place dans la
continuité de l'offre précédente, centrée sur l'Enterprise
operation management (EOM). En effet, il n'y a pas de nouveau
logiciel à proprement parler, mais une réorganisation de l'offre
existante pour la clarifier et la mettre en adéquation avec l'unité
du concept d'EOM. « En fait, ils ont juste mis de l'ordre
dans leurs classeurs », estime un client présent à
Orlando. « Au contraire, cette offre est beaucoup plus
lisible », se réjouit un autre. De son côté, Alan
Boeckman, P-DG de la société d'ingénierie américaine Fluor, estime
que les outils d'AspenTech aident ses ingénieurs à exécuter
l'intégration des projets en diminuant de moitié les cycles
d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction.
Tenir compte de la polyvalence des opérateurs
David McQuillin appuie encore : « Pour
500 millions de dollars de chiffre d'affaires réalisé en
production, une entreprise perd l'opportunité de réaliser
200 millions de dollars supplémentaires à cause du manque
d'optimisation de l'ensemble du cycle de production ». Le
P-DG d'Aspentech ajoute : « L'EOM tient compte du fait
qu'il y a de moins en moins de personnes dans les usines et que les
employés sont de plus en plus polyvalents. Cette solution prend
également en compte la complexité des procédés, où de nombreux
paramètres interviennent dans la gestion d'une
production ».
Pour développer AspenOne, la société américaine a travaillé avec
ses clients pour modéliser les opérations non déterministes
existant sur un site. Elle a également noué un partenariat avec
Microsoft : SharePoint Portal Server, BizTalk Server, SQL
Analysis Services et SQL Server Reporting Services. Ainsi,
l'échange de données entre la salle de contrôle et des assistants
personnels est possible. Et AspenOne apporte des avantages
concrets : « Par exemple, la solution EOM a été mise
en place dans un site de ConcoPhillips. Son installation a
nécessité une personne pendant six mois. Il y a cinq ans, nous
avions mis la même structure en place chez Lyondell Equistar en
douze mois avec sept à huit personnes ! »,explique
Philippe Muller, vice-président marketing des produits d'AspenTech
pour l'ingénierie. En effet, dans AspenOne, toute l'offre
d'AspenTech est intégrée pour garantir l'échange des données. Il
n'est donc plus nécessaire de développer des « patches »
informatiques pour faire travailler ensemble deux logiciels. Aussi,
si un industriel possède déjà un module, AspenOne n'ajoute que la
couche d'intégration qui assure le partage de toutes les
données.
Concrètement, AspenOne se présente sous la forme de six DVD. Le
premier s'ouvre sur une fenêtre avec deux menus : l'un permet
d'accéder à l'offre verticale concernant une industrie et l'autre
correspond à l'ancienne offre, avec tous les modules. Cette offre
s'adresse aux industries coeur de cible d'AspenTech : pétrole
et gaz (upstream), pétrolier (downstream), chimie, chimie de
spécialités, pharmacie et biens de consommation. Ces modules
emploient les outils déjà connus : Aspen Hysys, Aspen Plus,
DMC Plus, InfoPlus.21, Aspen Mimi et Aspen Pims. Elle est délivrée
avec une seule licence, les utilisateurs payant pour les modules
utilisés. La première cible de cette solution unifiée est le
contingent de 2 000 clients d'AspenTech. Le démarchage de
nouveaux clients sera mis en oeuvre par la suite. Enfin, cette
édition sera mise à jour tous les six mois et actualisée tous les
dix-huit mois. Le prix n'est pas encore fixé.
D'Orlando (Etats-Unis), Albane Canto.DES RESULTATS EN HAUSSE
AspenTech a été fondée en 1981 par Larry D. Evans.
« C'était à l'origine un projet du MIT visant à
développer la simulation des besoins énergétiques. Financées par le
gouvernement, les solutions informatiques développées sont dans un
premier temps gratuites. Les choses changent en 1986, avec
l'ouverture du capital. Depuis, AspeTech a acquis pas moins de
25 sociétés dans le but d'aller au-delà de la simulation et
couvrir toute la chaîne d'approvisionnement », explique
Larry D. Evans, fondateur de lasociété et aujourd'hui président du
comité d'administration. Mais le coeur de métier de la société
reste le process industriel : chimie, pétrole, gaz et
pharmacie. Et aussi les secteurs comme les produits de
consommation, l'agroalimentaire, etc., qui compte la chimie à la
base de leur industrie.
AspenTech a réalisé en 2004 un chiffre d'affaires quasi constant
de 325,7 millions de dollars avec une perte nette de
35 millions de dollars, contre 170 millions de dollars en
2003. La société, qui réalise 45 % de son chiffre d'affaires
aux Etats-Unis, voit les revenus de ses licences augmenter de
9 % par rapport à 2003. Pour l'année à venir, AspenTech vise à
annuler sa dette et à obtenir une marge nette à deux chiffres.
« Avec le règlement de la FTC sur Hyprotech, AspenTech
n'a aujourd'hui plus aucune excuse pour avoir de mauvais résultats,
juge Larry D. Evans. Je reste confiant ». Parmi les
secteurs en développement, celui des polymères se distingue
particulièrement. En effet, au cours des dix-huit derniers mois,
dix producteurs importants de polymères (dont Sabic, Sinopec,
Petrokemya et Thai Poluethylene) ont acquis des logiciels
d'AspenTech portant sur treize lignes de production. Des logiciels
qui permettent d'augmenter les capacités de production de 2 à
10 %, de réduire de 25 à 50 % les produits hors
spécifications dus à une période de transition et de diminuer de 50
à 100 % les produits hors spécifications en cycle de
production.