Presque deux ans et demi : c'est le délai dont disposaient les agriculteurs pour identifier des alternatives aux néonicotinoïdes, depuis le vote de la loi Biodiversité en mars 2016. Le gouvernement a ainsi publié, le 1er août, la liste des cinq néonicotinoïdes qui seront interdits à compter du 1er septembre 2018. Il s'agit de l'acétamipride, de la clothianidine, de l'imidaclopride, du thiaclopride et du thiaméthoxame. La réaction des syndicats agricoles (FNSEA, AGPB, AGPM, CGB, FNPF, FOP et Légumes de France) ne s'est pas fait attendre. Ces derniers ont exigé que « les dérogations possibles, autorisées par l'Union européenne, sur certaines filières où les alternatives n'existent pas ou sont très insuffisantes, soient publiées incessamment », déplorant une « impasse technique dramatique ». Ils réclament également l'ouverture d'une mission d'information parlementaire sur les distorsions de concurrence qui touchent l'agriculture française. Pour les associations de défense de l'environnement Greenpeace France et Générations Futures, cette liste est au contraire « loin d'être suffisante face aux dérogations rendues possibles par le gouvernement, et réclamées vigoureusement par la FNSEA et les associations spécialisées ». « Cette interdiction n'aura pas de sens si des dérogations sont accordées. Même en très faible quantité, les néonicotinoïdes restent hautement toxiques pour les abeilles. Il faut donc les interdire complètement », a déclaré François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations Futures. Les deux associations déplorent également que le sulfoxaflor et flupyradifurone, deux pesticides dangereux pour les abeilles, n'y figurent pas.
L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (Arla), rattachée à Santé Canada, a proposé le 15 août de mettre fin à toutes les utilisations extérieures de deux néonicotinoïdes : la clothianidine et du thiaméthoxame. Si les organismes de défense de l'environnement, comme Equiterre, saluent cette annonce, ils déplorent toutefois que la décision finale ne soit pas attendue avant janvier 2020. La mise en vigueur devrait, quant à elle, survenir 3 à 5 ans plus tard.