Fraîchement nommé ministre délégué à l'Industrie, Patrick Devedjian a rendu public, le 9 avril dernier, le bilan énergétique 2003 de la France. Pour la première fois depuis neuf ans, la consommation énergétique globale a baissé de 1,7 % à 159 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole).
Un résultat dont on peut se féliciter, d'autant qu'il va de pair
avec une réduction des émissions de CO 2 . Le seul bémol
est que cette baisse de la consommation rappelle cruellement que
2003 a été une année de faible croissance. D'ailleurs, dans
l'industrie, la consommation a diminué de 2 % pour s'établir à 37,5
Mtep. Du côté du "résidentiel-tertiaire", la consommation recule de
2 % à 68,2 Mtep. Les Français joueraient-ils le jeu de la "chasse
au gaspi" ? En ce qui concerne la baisse de la consommation de gaz
et de fioul, elle a été aidé par le niveau élevé des prix. En
revanche, la consommation d'électricité continue de croître (+1,9
%) sous l'effet combiné du développement des appareils
électroniques et de la climatisation. Patrick Devedjian s'est
empressé de souligner que cette évolution n'avait qu'un effet
limité sur les émissions de gaz à effet de serre. Point de vue que
ne partage pas l'Ademe* qui n'hésite pas à qualifier la
climatisation de « désastre pour le climat ». Dans le transport, on
peut parler de véritable effet Sarkozy avec une consommation en
baisse de 1,1 % à 49 Mtep. Avec la peur du gendarme, les Français
commencent à respecter les limitations de vitesse, ce qui a
entraîné une baisse de la consommation des véhicules de 1,8 %.
Malgré ces données, la facture énergétique de la France s'est
envolée de 4,7 % à 22,7 milliards d'euros, après deux années
consécutives de baisse. Elle tient à l'augmentation des
importations de gaz (+ 9,1 %) et à la chute des exportations
d'électricité (21,6 %) tandis que la facture pétrolière reste
stable (0,2 %). Le ministre n'a pas manqué de rappeler que la
facture aurait pu être bien plus lourde sans la dépréciation du
dollar. Il en a aussi profité pour glisser un plaidoyer
pronucléaire, au moment où débute à l'Assemblée nationale un débat
sur l'énergie, dernière étape avant le projet de loi d'orientation
sur les énergies qui doit engager les choix de la France sur trente
ans. « Le taux d'indépendance énergétique de la France, qui se
maintient globalement à 50 % grâce à la production nucléaire,
réduit fortement la sensibilité de l'économie française à
l'évolution des prix de l'énergie , a jugé P. Devedjian. Notre
facture énergétique serait en effet augmentée de 7 à 10 milliards
d'euros si l'on devait substituer à notre parc nucléaire des
importations de gaz et de pétrole ». Le parc nucléaire fournit en
effet 78 % de l'électricité française et sa production a crû de 1 %
à 440 TWh en 2003. En revanche, la part des énergies renouvelables
électriques est en recul. L'hydraulique a pâti de la sécheresse de
l'été, tandis que l'éolien fait encore beaucoup de bruit, mais ne
contribue que pour 0,0006 % à la production d'électricité. Seules
les énergies renouvelables thermiques, à savoir le bois,
l'utilisation des déchets et le solaire, ont crû de 8 % à 12,6
Mtep. Et la France devra redoubler d'efforts pour atteindre le
seuil de 21 % en 2010 fixé par l'Europe pour la production
d'énergies renouvelables. Sylvie Latieule
*Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie