Bluestar Silicones, tout juste né de la reprise par le groupe chinois Bluestar Chemical des activités de Rhodia, veut porter son chiffre d'affaires à plus d'un milliard d'euros à l'horizon 2010-2011, contre environ 700 M$ (540 M€) actuellement, selon son p-dg, Olivier de Clermont Tonnerre. Celui qui dirigeait jusqu'alors Rhodia depuis 1998, et à qui le groupe chinois a décidé de confier les rênes de sa nouvelle entité, compte atteindre cet objectif grâce notamment aux nouvelles capacités de méthylchlorosilane, un intermédiaire pour silicones, que Bluestar Chemical va mettre sur pied à Tianjin.
« Nous allons
investir environ 350 M€ dans cette usine qui devrait démarrer au
premier semestre 2009. Sa capacité initiale de 100000 t/an, sera à
terme portée à 400000 t/an », détaille Olivier de Clermont
Tonnerre. Une unité qui sera la seconde de l'entreprise dans le
pays. « Bluestar dispose déjà à Xinguo d'une usine de MCS de 200000
t/an, qui en fait le premier producteur domestique », ajoute le
dirigeant. Autre atout apporté par Bluestar à sa nouvelle filiale,
sa présence encore un cran en amont dans la production de silicium.
L'implantation industrielle de Bluestar Silicones en Chine est
d'ailleurs l'un des principaux avantages de l'entreprise, alors que
la croissance annuelle du marché est comprise entre 20 et 25 % dans
le pays, contre un rythme plus proche des 5 % en Europe et aux
États-Unis.
La composante européenne
de Bluestar Silicones aura aussi un rôle crucial à jouer pour lui
permettre d'atteindre ses objectifs, estime le dirigeant. « Le site
de MCS situé à Roussillon dans l'Isère, qui dispose d'une capacité
de 200000 t/an grâce aux 90 Mh investis par Rhodia, nous permet de
disposer d'une usine amont compétitive dans la zone Euro »,
souligne-t-il. Mais ce sont surtout le centre de recherche de
Saint-Fons, ainsi que les unités de production aval de Roussillon,
qui permettront au groupe de se développer en Asie, où la recherche
restera limitée aux applications. « Nous allons investir cette
année entre 7 et 10 M€ à Roussillon et Saint-Fons dans l'aval, en
plus des investissements récurrents », assure le dirigeant. Au
programme, une hausse de la production de nouvelles technologies,
comme les résines MQ. Car c'est bien dans les Spécialités que
Bluestar Silicones entend se développer, en s'appuyant sur les
positions de leaders occupées par les ex-activités de Rhodia dans
des domaines comme l'enduction du papier (étiquettes) et des
textiles (enveloppes d'airbags), ou encore les EVC (Élastomères
vulcanisables à chaud). Le patron insiste d'ailleurs pour calmer
les craintes des salariés français. « Il n'y a aucun projet de
restructuration négative pour l'emploi », a-t-il déclaré, insistant
sur le « réel projet industriel de Bluestar Chemical, alors que les
silicones n'étaient pas un axe de développement prioritaire de
Rhodia ». Olivier de Clermont Tonnerre a pour objectif de placer
Bluestar Silicones dans le trio de tête mondial dans les prochaines
années, alors qu'il en occupe le cinquième rang actuellement. En
compétition avec Wacker, Degussa, Dow Corning, ou encore Momentive
Performance Materials, nom adopté par les ex-silicones de General
Electric, depuis son rachat par le fonds d'investissement Apollo
Management. Une concurrence qui se renforce elle aussi fortement en
Asie.