Selon une étude d'une ONG pro-OGM, l'ISAAA, l'essor des organismes génétiquement modifiés devrait se poursuivre en 2007. Malgré l'opposition de l'opinion publique.
La situation des
plantations OGM a nettement évolué en France l'an dernier. Selon
une étude de l'ISAAA (International service for the acquisition of
agri-biotech applications) - une ONG financée par la plupart des
industriels du secteur dont l'objectif est de promouvoir l'adoption
des OGM - les surfaces cultivées ont décuplé l'an dernier dans
l'Hexagone. « Pour la deuxième année de cultures biotechnologiques
après une interruption de quatre ans, estime Clive James, président
et fondateur de l'ISAAA et auteur du rapport, la surface de maïs Bt
est passée à 5000 hectares en 2006, contre entre 500 et 1000
hectares en 2005 ». Selon l'auteur, « le maïs Bt a fait l'objet
d'une attention soutenue de la part des agriculteurs français, qui
sont soumis à une forte pression parasitaire. » Une production
essentiellement constituée de la lignée MON 810, commercialisée
comme son nom l'indique par Monsanto, et exportée vers l'Espagne,
précise le rapport.
Malgré les vives
oppositions dans le pays, Clive James estime qu'un nouveau
décuplement des surfaces est attendu en 2007: « les agriculteurs
sont particulièrement satisfaits des résultats qu'ils ont déjà
enregistrés, estime-t-il. La France est clairement en train
d'entrer dans une nouvelle aire dans ce domaine. » Une évolution
très attendue par les industriels: la France est le premier
producteur de maïs de l'Union européenne, avec une surface de 1,7
Mha. Reste qu'en Europe, la France reste loin, selon le rapport,
derrière l'Espagne, premier producteur d'OGM du continent avec une
surface cultivée de 60000 hectares. Autre évolution majeure du
secteur dans la région, la Slovaquie est devenue le sixième des 25
pays de l'Union européenne à se lancer dans ce type de culture. «
Actuellement, six pays européens cultivent des OGM, et les deux
nouveaux membres, la Roumanie et la Bulgarie, ont eux aussi déjà
connu des expériences positives dans ce domaine », ajoute Clive
James.
Cet optimisme n'est bien
sûr pas partagé par les ONG écologistes. Arnaud Apoteker,
responsable de la campagne OGM de Greenpeace France, souligne ainsi
que les données de l'étude, fournies par les semenciers, « sont
difficiles à vérifier. » Avant de déclarer que « l'année 2006 n'a
pas été aussi rose pour les OGM que l'industrie des biotechnologies
voudrait le faire croire ». Et de citer l'affaire du riz
transgénique de Bayer, survenue à l'automne dernier, et plusieurs
décisions gouvernementales défavorables à ces produits. Tout en
estimant que « l'augmentation des surfaces de maïs transgénique
dans l'Hexagone se fait donc dans le plus parfait mépris d'une
écrasante majorité de l'opinion ». Une réticence d'ailleurs
reconnue par l'ISAAA, qui souligne qu'il est « peu probable que le
gouvernement ne fasse voter la loi sur les biotechnologies avant
les élections présidentielles et législatives, en raison du
caractère trop controversé de ce sujet dans l'opinion
».
Au niveau mondial, le
rapport indique que la croissance de l'adoption des cultures
biotechnologiques est nettement supérieure dans les pays en voie de
développement, avec une augmentation de 21 %, à comparer à celle de
9 % dans les pays industrialisés. Les pays du Sud représentent
aujourd'hui 40 % de la superficie mondiale consacrée aux cultures
biotechnologiques. Mais les États-Unis continuent d'impulser la
croissance en Amérique du Nord et dans le monde. Ils représentent
la plus importante croissance de superficie absolue en 2006 avec
4,8 millions d'ha en plus. Le Brésil prend, quant à lui, la tête de
la croissance en Amérique du Sud avec une augmentation de 22 % des
surfaces, pour atteindre 11,5 millions d'ha de soja et de coton
biotechnologiques, ce dernier ayant été commercialisé pour la
première fois en 2006. L'Inde se révèle être le chef de file de
l'Asie. Elle affiche la plus forte croissance de surfaces, soit 192
% en un an, passant de 2,5 millions d'ha à 3,8 millions d'ha. Ce
pays gagne ainsi deux places dans le classement mondial pour
devenir le cinquième plus grand pays producteur de cultures
biotechnologiques au monde, devançant pour la première fois la
Chine. Dans le monde, les surfaces des cultures OGM ont dépassé
les 100 millions d'hectares, enregistrant une croissance de
13 % en 2006. Un chiffre qui sera doublé dès 2015, estime
l'ISAAA.