Pour le deuxième exercice du géant bâlois Novartis, le
président d'administration Alex Krauer s'est félicité du succès de
la fusion Ciba/Sandoz datant de 1996. Evoquant une stratégie
clairement définie au départ couplée à une volonté commune, le
groupe peut se prévaloir d'une intégration réussie des différentes
activités, avec un chiffre d'affaires 1998 en progression de
2 % (+ 5 % en monnaies locales) à
31702 M FS. Son bénéfice net, quant à lui, atteint la
valeur record de 6064 M FS, une hausse de 16 %
principalement attribuable à une productivité accrue et des gains
en volume. La construction du nouveau groupe a été rapide : les
objectifs de départ, qui visaient des économies de
2 Mrds FS et une suppression de 12 000 emplois, ont été
atteints à hauteur de 89 % en terme de coûts et de 97% en
terme d'effectifs à la fin de l'année 1998. Cette performance
permet à Novartis d'envisager l'avenir de façon positive, même si
Daniel Vasella, le président du groupe, ne cache pas que "1999
ne sera pas une année facile".
Au sein de la division Santé, dont le chiffre
d'affaires est en hausse de 3 % à 17535 M FS
(55 % du CA total), "cinq produits ont contribué de
façon significative à la croissance" indique Daniel Vasella :
l'hypotenseur Diovan, qui réalise de fortes ventes, Arédia
(cancérologie), Sandostatine (acromégalie), Cibacen/Lotensin
(hypertension) et Micalcic (ostéoporose). Les produits phares, les
immunosuppresseurs Sandimmun et Néoral, représentent toujours des
ventes de plus de 1,8 Mrd FS. Le nouveau venu, Exelon,
qui traite les formes légères à modérément sévères de la maladie
d'Alzheimer, a été approuvé dans l'ensemble des Etats membres de
l'Union européenne en juin 1998, alors que des discussions
sont toujours en cours avec la FDA. Dans le futur, Novartis estime
pouvoir assurer une croissance interne significative grâce aux
futurs "blockbusters" potentiels, comprenant le Zelmac,
contre le syndrome de l'intestin irritable, l'antidiabétique
Starlix, l'antiallergique E25 et le médicament anticancer
Amdray. Interrogé sur une acquisition/fusion éventuelle, le
président a été clair : "la croissance se basera
essentiellement sur la force de notre pipeline. Il n'y a pas
d'urgence, et nous préférons attendre la bonne opportunité".
D'éventuelles "opportunités de croissance" sont tout de
même envisagées, la croissance externe étant le défi à relever
pour les années futures. A noter que les liquidités nettes d'une
valeur de 10,3 Mrds FS donnent à Novartis la possibilité
de mobiliser les ressources nécessaires à une telle opération. Les
génériques connaissent toujours une croissance vigoureuse
(+ 5 % à 1,5 Mrd FS), grâce notamment aux
céphalosporines. Ciba Vision, de son côté, se porte bien. Avec une
croissance de 5 % (9 % en monnaies locales) à
1,5 Mrds FS, le secteur ophtalmologie devrait, en outre,
profiter des lancements de produits innovants, comme Focus Night
and Day, des lentilles de contact pouvant se porter de façon
prolongée lancées sur un marché test au Mexique.
La division Agribusiness a, quant à elle, dû
faire face à un environnement difficile, expliquant une baisse de
8,5 % de son résultat opérationnel à 1513 M FS.
Ses ventes qui s'élèvent à 8,37 Mrds FS, ont connu une
croissance limitée (1 %). Les facteurs invoqués : de mauvaises
conditions climatiques aux Etats-Unis et en Europe occidentale,
ainsi qu'une forte pression sur les prix. L'activité de protection
des cultures a surtout progressé en Amérique latine et dans la
région Asie/Pacifique, alors que les semences ont bénéficié d'une
croissance supérieure à celle du marché grâce à l'augmentation de
ses parts de marché dans le domaine du maïs en Amérique du Nord.
En Europe, les obstacles concernant le maïs transgénique restent
d'actualité : le 11 décembre 1998, l'arrêté du
Conseil d'Etat a suspendu la mise en culture de la variété Bt en
France. Selon Alex Krauer, "cette technologie restera au sein de
notre groupe. Tout d'abord grâce aux avantages qu'elle apporte, et
d'autre part, parce qu'elle est sans danger, et ça, il ne faudrait
pas l'oublier. Son acceptation prendra du temps, affectera
l'activité de notre groupe, mais je n'ai aucun doute, à long terme,
du retour sur nos investissements."
Troisième division comptant pour 17 % du
chiffre d'affaires global, le Consumer Health, qui est
née de l'intégration des activités de nutrition et
d'automédication, a vu ses ventes augmenter de 1 % à
5289 M FS. En Nutrition, le programme de
désengagement d'activités non prioritaires est bien engagé.
Certaines activités ont été vendues (Roland, Red Line, confiserie
sans sucre en Italie) alors que d'autres attendent de l'être (Wasa,
Eden). La stratégie de Novartis se porte sur le marché des produits
fonctionnels, justifiant de forts investissements pour assurer la
croissance dynamique attendue dans ce secteur. Dans cet esprit, la
gamme de produits Aviva (biscuits, boissons, barres aux céréales)
devrait être lancée sur trois marchés européens courant 1999.
Déception cependant pour l'unité d'automédication, qui n'a pas
connu la croissance attendue (notamment aux Etats-Unis en raison
d'un ajustement des stocks). Maalox reste le produit phare, avec
une nouvelle forme à dissolution rapide. Un accord a également été
signé au Japon avec Kao, lui permettant d'envisager l'introduction
d'un certain nombre de marques sur le marché japonais.
La filiale française de Novartis est la
deuxième "puissance économique" du groupe après les Etats-Unis. Son
chiffre d'affaires en progression de 0,7 % à
10751 M FF, réparti entre la santé (46 %),
l'agriculture (41 %) et le Consumer Health (13 %),
lui permet de se positionner en France en tant que sixième
laboratoire pharmaceutique, premier fabricant de lentilles de
contact, leader en protection des plantes et premier semencier en
fleurs. Novartis Seeds a été particulièrement actif avec un accord
signé avec C.C. Benoist pour développer leurs activités
céréales à paille, et la création d'une filiale commune avec
Maïsadour destinée à développer des synergies dans les
biotechnologies. Côté pharmacie, les deux unités de production
de Novartis à Orléans et Huningue ont bénéficié d'investissements
d'un montant de 100 MF sur trois ans. Ils permettront de
recentrer les activités sur la production et le conditionnement de
médicaments non solides (spray nasal, sirops, crèmes...) à Huningue
et sur la production de comprimés effervescents, de sachets et de
systèmes transdermiques pour Orléans. Selon Bernard Mesuré,
président de Novartis France, "C'est dans l'automédication que
la filiale française a besoin de se renforcer. Elle comporte
actuellement trop de produits semi-éthiques et pas assez de
produits porteurs." Au sein de la division Consumer
Health, le rachat récent de Jacquemaire Santé (groupe Danone)
renforce la filiale dans le secteur de la nutrition clinique
(33 % de part de marché). Dans l'Hexagone comme à l'échelle
mondiale, les dirigeants estiment que la fusion est réellement
achevée (dont le plan social prévoyant la suppression de
600 emplois, sur le point d'être terminé). Un pari qui au
départ n'était pas gagné d'avance. n
Pharmacie/Agrochimie/Novartis prépare sa future croissance
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