Rhodia veut
devenir le leader mondial sur le marché des phosphates de
spécialités (destinés aux marchés des détergents, de la pharmacie
et de l'alimentaire) en intégrant à partir de l'an 2000 le
britannique Albright & Wilson, actuel numéro un du
secteur. Rhodia qui cherche ainsi à contrer une OPA lancée par
Albemarle sur Albright & Wilson a annoncé le 16 mars qu'il
apportait son soutien à une offre d'achat lancée par Donau Chemie,
sur Albright & Wilson au prix de 145 pence l'action, soit
au total 455 M£ (678 M d'euros). Donau Chemie est une
ancienne filiale de Rhône-Poulenc cédée à son management en
1996.
L'offre émane de la société ISPG (International Specialty
Phosphates Group), créée spécialement pour l'occasion et détenue
par Donau Chemie, société autrichienne non cotée. Dans le cadre
de ce montage, Rhodia a une option pour acquérir ISPG à partir du
1er janvier 2000 et garantit la dette d'acquisition
(585 millions de livres) d'Albright & Wilson par la
société autrichienne, tout en évitant de la consolider dans les
comptes 1999.
Le fonds de pension PDFM, qui détient 23 %
d'Albright & Wilson, a donné son accord à l'offre soutenue
par Rhodia et s'est engagé à la maintenir jusqu'à 165 pence
par action, a-t-il précisé. Il s'était opposé à une offre de
l'américain Albemarle, inférieure de 11 % à celle soutenue par
Rhodia, qui s'est déclaré " confiant " de recevoir le
soutien des actionnaires d'Albright. Albemarle a pris acte de la
proposition concurrente en indiquant qu'il " réfléchissait à
sa position ".
Rhodia cherche en fait à couper l'herbe sous les pieds
d'Albemarle qui s'apprêtait à mettre en échec son projet déjà
ancien de prendre le contrôle d'Albright & Wilson tout en
ne gênant pas la fusion en cours entre sa maison mère Rhône-Poulenc
et Hoechst. L'objectif est de ne pas alourdir la dette de
Rhône-Poulenc qui détient 68 % de Rhodia, au moment où le
groupe a besoin de cash pour réaliser sa fusion avec Hoechst.
Cette acquisition par société interposée s'explique également
par la volonté de Rhodia de ne pas " mener de front "
l'intégration d'une nouvelle société et son programme de réduction
des coûts qui vient d'être lancé. En l'an 2000, le
programme de restructuration " sera bien avancé ",
explique le porte-parole de Rhodia, Henri Aline, " et
nous pourrons alors dégager des ressources pour mener à bien
l'opération d'intégration d'Albright & Wilson ",
ajoute-t-il. Rhodia a récemment annoncé plusieurs programmes
destinés à restructurer le pôle achat par des mesures de
globalisation et de responsabilisation des acheteurs, à réduire les
frais fixes et à améliorer l'ensemble de la chaîne
d'approvisionnement (programme World Class
Manufacturing).
Le président de Rhodia, Jean-Pierre Tirouflet, a indiqué que
l'intégration éventuelle d'Albright & Wilson se traduirait
dès la première année (2000) par une augmentation du résultat
net par action, qu'il n'a pas chiffrée. En 1998,
Albright & Wilson a réalisé un bénéfice hors éléments
exceptionnels et avant impôt de 48,3 millions de livres sur un
chiffre d'affaires de 730,3 millions de livres et pour des
actifs nets de 333,5 millions de livres. 40 % du
chiffre d'affaires d'Albright & Wilson concernent
d'autres activités que les phosphates, notamment les tensio-actifs
que Rhodia pourrait décider de céder en partie. Le groupe
français pourrait, en effet, se défaire de l'activité de
tensio-actifs par sulfatation qui comprend l'unité française de
Saint-Mihiel (Meuse). En revanche, Rhodia reprendrait l'unité
moderne de Lavéra (Bouches-du-Rhône) qui dispose d'un
approvisionnement direct en oxyde d'éthylène pour la fabrication de
tensio-actifs par éthoxylation, un procédé qui intéresse le
groupe français.
Si l'opération réussit, l'ensemble
Rhodia/Albright & Wilson, avec environ 1,2 milliard de
dollars, se placerait de loin en tête sur le marché des
phosphates de spécialités qui compte un nombre réduit
d'acteurs, dont l'américain Solutia, en vente depuis six mois,
Prayon-OCP (Office chérifien des phosphates du Maroc) et Thermphos,
une filiale du chimiste allemand Hoechst.
Albright & Wilson est déjà le numéro un du secteur
avec un chiffre d'affaires de 720 M$ (50 % dans les
phosphates de spécialités et 50 % dans l'acide phosphorique),
suivi par Rhodia (464 M$) pour un marché global évalué à
3,5 Mrds $. Les activités des deux groupes ont une
couverture géographique complémentaire qui devrait leur éviter une
opposition des autorités de la concurrence.
Albright & Wilson est très présent en Grande-Bretagne
où Rhodia est absent, en Amérique Latine et en Asie où le français
est faiblement représenté. Rhodia est, en revanche, plus fort en
Amérique du Nord et en Europe continentale. L'opération
entraînerait de nouveau Rhodia dans la fabrication d'acide
phosphorique, amont des phosphates, que le groupe français avait
quasiment abandonné en s'approvisionnant désormais auprès de
l'espagnol Fertiberia et du canadien PCS. Rhodia devra décider s'il
conserve cette activité.
Après avoir atteint son point le plus bas, le marché des
phosphates de spécialités commence à se redresser. Son taux de
croissance annuel devrait se situer à 2,4 % par an en moyenne
durant la période 1997-2005. L'Europe, dont la progression reste
faible (+ 0,2 %), est en retard sur l'Amérique du Nord,
qui devrait progresser de 2 % durant la période. 92 % du
phosphate-minerai est utilisé dans les fertilisants et les
nourritures animales. 8 % est purifié pour les détergents et
d'autres usages industriels (alimentaire et pharmacie, notamment).
L'Europe et l'Amérique du Nord représentent les deux tiers des
ventes. n
Phosphates/Rhodia lance une OPA de 455 M£ sur Albright & Wilson par société interposée
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