L'acquisition de la société Aubert en Rhône-Alpes illustre une volonté du groupe d'implanter des centres de service au plus près des grands clients. Une stratégie qui devrait conduire à de nouvelles acquisitions.
CHAUDRONNERIE COMPOSITE
Cuves de stockage, équipements de process, tuyauteries, la liste
des équipements en chaudronnerie composite, fabriqués par la
société Plasticon Europe, est longue. Développés pour des
applications dans le domaine de la chimie, mais également du
traitement des eaux et de l'air, ces équipements occupent une place
de choix dans la protection anticorrosion, explique Karel Pichard
qui cumule les fonctions de directeur général de la filiale
française et de directeur commercial pour l'ensemble du groupe.
Transport, stockage et production de soude et de produits chlorés
figurent d'ailleurs parmi les toutes premières applications pour ce
type d'équipements. « L'industrie est encore très
conservatrice et continue de privilégier l'acier pour des
applications qui pourraient bénéficier de l'utilisation des
composites », estime Karel Pichard. En effet, ce type de
matériaux présente des avantages certains : légèreté,
résistance chimique, maintenance réduite, liberté de forme.
Heureusement, certains segments de la chimie ont franchi le pas.
Sur des unités de productions de chlore, la part des équipements
composites peut dépasser les 50 % selon Karel Pichard. Chez
Plasticon, pas de gammes standard. Tous les articles sont réalisés
sur mesure. L'offre se compose néanmoins de deux grands types de
produits. Les SVR (Stratifié Verre Résine) sont des équipements en
plastique renforcés par une structure de verre. Ce renfort assure
une tenue mécanique : résistance à la pression de 15 à
20 bar pour la tuyauterie et d'une dizaine de bar pour les
cuves et réacteurs, explique Karel Pichard. Ces tenues en pression
restent néanmoins trop faibles pour des industries comme la
pétrochimie ou la chimie fine qui ont ainsi peu recours aux
composites, hormis pour leur circuit de refroidissement et
incendie. Cette résistance à la pression peut néanmoins être accrue
par l'utilisation de structures en fibres de carbone et peut-être,
dans le futur, par l'utilisation de nanotubes de carbone. Mais,
dans ce cas, on entre dans des gammes de prix qui font perdre toute
compétitivité vis-à-vis des aciers. La matrice en résine assure
pour sa part la résistance chimique. Plusieurs types de résines
thermodurcissables sont utilisées, « pour les faibles
problèmes decorrosion, nous utilisons des résines iso- et
ortho-phtalique. Tandis que pour des applications à plus haute
température, nous utilisons des résines ester
vinyliques », explique-t-il.
Cette technologie SVR est à la base des activités proposées par
la filiale française. Anciennement dénommée Sovap (Société
Vendéenne d'Applications Plastiques), cette filiale basée à
Dompierre-sur-Yon, près de Nantes, a rejoint le groupe en 1998.
Depuis, elle produit l'ensemble de la gamme de Plasticon Europe (à
raison de quelque 250 cuves et appareils par an) et notamment
les équipements basés sur la technologie Dual laminate, qui
constitue le second pan de la gamme de Plasticon. Dans ce cas, il
s'agit d'équipements dont la surface interne est revêtue de liners
anticorrosion pour des applications encore plus exigeantes. Ces
liners sont typiquement des plaques de thermoplastiques et
fluoropolymères entoilées, PP, PVC, PVDF, ECTFE, FEP, MFA et PFA
selon les applications.
UNE NORME EUROPEENNE EN PREPARATION
Après plus d'une dizaine d'années de préparation, une norme
européenne pour la construction de réservoirs en matière plastique
renforcés est en passe de voir le jour. Baptisée EN 13121-3, elle
devrait se substituer progressivement aux trois grands codes de
calcul qui dominent en Europe : le code français T57900, et
les codes anglais et allemand.
Le document final est attendu pour début 2007. Pour l'heure, les
pays, dont la France, apportent leurs derniers commentaires à un
texte de 200 pages, auquel s'ajoute une centaine de pages de
remarques.
Difficile de savoir quelles pourront être les conséquences de la
mise en application de cette norme européenne. Une chose est
sûre : les trois codes ne partagent pas la même philosophie de
calculs et la norme européenne, qui se veut une synthèse, risque de
changer quelques habitudes.
Groupe de 550 personnes, pour un chiffre d'affaires de
45 millions d'euros, avec 7 usines de production en
Europe, Plasticon Europe a choisi de miser sur la proximité pour
offrir à ses clients le meilleur service possible. C'est ainsi que
les sites, répartis en Hollande, Allemagne, Angleterre et France ne
sont pas spécialisés par technologie. Ils sont en mesure de
produire tous types d'équipements. Seul le site polonais a été
spécialisé dans la tuyauterie.
En droite ligne avec cette stratégie, Plasticon vient de
renforcer sa présence en Rhône-Alpes avec le rachat d'Aubert, un
chaudronnier, employant une quinzaine de personnes qui aura pour
mission de développer des services de maintenance. « Avant,
en Rhône-Alpes, nous avions juste une présence commerciale,
maintenant nous aurons un centre de service », commente
Karel Pichard. Un investissement qui tombe à pic alors que le
groupe commence à entrevoir quelques projets d'investissements dans
le chlore, en relation notamment avec la conversion des procédés à
diaphragme vers des procédés membrane, ajoute-t-il. Les autres gros
investissements sur le territoire français portent sur le
bioéthanol et les biodiesels. Une bouffée d'oxygène pour tous les
équipementiers impliqués dans ce type de procédés, notamment les
chaudronniers.
En terme d'acquisitions, Plasticon ne devrait pas s'arrêter en
si bon chemin. « La stratégie du groupe est de se renforcer
en Europe en ouvrant des centres de service comme celui de Lyon, à
travers des rachats d'entreprises implantées au plus près des sites
utilisateurs de composites », annonce Karel Pichard.
Parallèlement, le groupe entend asseoir son leader-ship en
renforçant son effort de R&D. Depuis quelques mois, Plasticon
est partie prenante dans le nouveau pôle compétitivité EMC2. Par ce
biais, il a déjà renforcé ses liens avec des acteurs du nautisme et
des éoliennes, et espère bien se diversifier dans l'aéronautique.
Un autre cheval de bataille est sa participation active à
l'élaboration d'une norme européenne sur les matériaux composites,
aux côtés du GPIC (Groupement de la plasturgie industrielle et des
composites). Histoire de proposer aux clients des garanties en
terme de qualité et d'éliminer des acteurs peu scrupuleux qui, par
leur manque de savoir-faire, finissent par nuire au développement
du marché.
Sylvie Latieule