Afin de se renforcer dans les polyuréthanes, Bayer va
racheter pour 2,45 milliards de dollars (2,33 Mrds
d'euros, soit trois fois le chiffre d'affaires de l'activité) toute
l'unité polyols de Lyondell. L'accord inclut également une
participation dans la production d'oxyde de propylène (PO) de
Lyondell, une matière première pour produire les polyols. Bayer
aura ainsi un droit d'achat sur 730 000 t/an de PO, et
pourra participer aux développements technologiques et à
d'éventuelles extensions de capacités. L'acquisition, qui doit
encore être approuvé par les conseils de surveillance des deux
sociétés et par les autorités américaines et françaises notamment,
devrait être finalisée au premier semestre 2000. Le groupe allemand
prévoit que les synergies dégagées dépasseront les coûts
d'intégration de Lyondell (200 M$) à partir de
2002.
Grâce à cette acquisition, Bayer rééquilibrera son
portefeuille des deux matières premières des
polyuréthanes : le groupe allemand est leader mondial
des isocyanates, devant Dow Chemical, et il couvre d'ores et
déjà près d'un quart des besoins mondiaux. Il dispose de
340 000 t/an de toluène diisocyanate (TDI) et de
710 000 t/an de diphényl méthane diisocyanate (MDI), et
prévoit à terme de nouvelles usines. En revanche, le groupe
allemand était jusqu'ici peu présent dans les polyols.
" Nous visons des chaînes de production intégrées et
l'extension de notre gamme de produits, a commenté Hans-Joachim
Kaiser, responsable de la division Polyuréthanes de Bayer. Les
composants polyols jouent un rôle décisif dans notre politique
d'innovations dans le domaine des polyuréthanes. "
La transaction inclut les installations de polyols de Rieme
(Belgique), Fos-sur-Mer (France), Institute et South Charleston
(Virginie) et Channelview (Texas), ainsi que des unités en
joint-ventures en Indonésie et à Taiwan. Elles totalisent une
capacité de 700 000 t/an, et emploient
1 000 personnes. Bayer utilisera la technologie de
Lyondell dans ses futures installations. Avec plus de
1,2 Mt/an de capacités, le groupe allemand deviendra numéro
deux mondial des polyols derrière Dow, loin devant BASF.
Lyondell, numéro deux mondial des polyols et numéro un
mondial de l'oxyde de propylène, se sépare ainsi d'une activité
acquise lors de la reprise de la chimie d'Arco (Chimie hebdo
n°9, p.6). Il réduit ainsi sa dette, mais se désengage d'une
de ses activités stratégiques, affichant ainsi sa fragilité au
moment où ses résultats des neuf premiers mois sont dans le
rouge : Lyondell a enregistré une perte nette de 57 M$,
contre un bénéfice net de 79 M$ sur les trois premiers
trimestres 1998. Cependant, son activité oxyde de propylène se
porte bien : sur les neuf premiers mois, ses ventes ont
augmenté de 6 % par rapport à la même période 1998. Le groupe
américain restera un important producteur d'oxyde de propylène, et
se concentrera sur les dérivés autres que le polyuréthane :
propylène glycol, butanediol et éthers de propylène glycol.
Le polyuréthane est utilisé aussi bien dans les mousses
de sièges de voiture qu'en électronique, réfrigération, isolation,
construction et matériels de sport et de loisirs. Son marché
mondial, estimé à 7,5 Mt/an en 1998, connaît une croissance de
4 % à 5 % par an. Bayer en devient le leader
mondial avec 2,3 Mt/an (environ 340 000 t/an de TDI,
710 000 t/an de MDI et 1,2 Mt/an de polyols), devant
Dow qui dispose de près de 2 Mt/an de polyuréthane (envrion
150 000 t/an de TDI, 400 000 t/an de MDI et
1,4 Mt/an de polyols) loin devant BASF et Huntsman. Dow
est en effet peu présent dans les isocyanates (quatrième mondial
dans le TDI derrière Bayer, Lyondell et BASF, et quatrième dans le
MDI derrière Bayer, Huntsman et BASF).
L'activité polyuréthanes de Bayer, qui emploie plus de
4 800 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de
2 Mrds d'euros, soit 25 % des ventes du segment
polymères. Le groupe allemand dispose de 19 sites de
production en Europe, Amérique, Afrique et Asie. Sur les trois
premiers mois 1999, l'activité Polymères de Bayer est restée
relativement stable, avec une progression de 1 % du chiffre
d'affaires et une rentabilité sur CA de 13 % (résultats de
Bayer : voir page 3). " Les polymères sont et
resteront l'un des points forts de notre portefeuille ", a
commenté Manfred Schneider, le président du directoire de
Bayer.
A
Leverkusen, Cécile Michaut
Polyuréthanes/Bayer acquiert les polyols de Lyondell et devient leader mondial des polyuréthanes
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