Kemira a décidé de se désengager de deux de ses activités
importantes, le dioxyde de titane et les engrais azotés, en
créant des joint-venture ou en modifiant l'actionnariat. Le
groupe finlandais souhaite ainsi se recentrer sur certaines
activités, notamment les produits pour papier, les produits de
traitement des eaux, les peintures et les revêtements, ainsi que
les engrais de spécialités et les produits chimiques
industriels.
Au total, Kemira va donc se désengager de plus de 37 %
de son activité en terme de chiffre d'affaires. Kemira
souhaite se séparer de la moitié de ses activités engrais,
notamment de celles situées en Grande-Bretagne, en Belgique et aux
Pays-Bas, qui regroupent surtout les engrais azotés. Le groupe
gardera en revanche ses activités en Finlande et au Danemark, qui
comprennent surtout les engrais NPK. L'ensemble de Kemira
Agro représente 41% du chiffre d'affaires du groupe, à
6,13 Mrds FIM (1 Mrd d'euros), mais son bénéfice
ne compte que pour 13 % dans le bénéfice total, à 111 M
FIM (19 M d'euros).
Seconde activité abandonnée, les pigments représentent un
chiffre d'affaires 1998 de 2,51 Mrds de marks finlandais
(423 M d'euros), soit 17 % du chiffre d'affaires de
Kemira, pour un bénéfice opérationnel de 132 M FIM
(22 M d'euros).
Parmi les activités gardées, les produits chimiques ont
enregistré de bons résultats en 1998 : leurs ventes ont
atteint 630 M d'euros (+ 9 % pour les produits pour
papier, + 15 % pour le traitement de l'eau et
+ 9 % pour les produits industriels). Tikkurila
(revêtements et peintures) a connu de moins bons résultats, avec un
chiffre d'affaires en augmentation de 3 %, à 360 M
d'euros, dû à la baisse des activités peintures et revêtements de
6 % et 1 % respectivement, compensés par une hausse de
8 % de l'activité colorants.
Kemira prévoit ainsi de se recentrer sur ses activités les
plus rentables et les moins cycliques : depuis quelques années,
les marges opérationnelles de Kemira Pigments et Kemira Agro ont
varié entre + 10 % et - 2 %, tandis que celles
de Kemira Chemicals s'établissaient à 12 %, 13 %, et
celles de Tikkurila étaient comprises entre 9 et 15 %. Les
bénéfices opérationnels de Kemira Chemicals et Tikkurila dépassent
également le niveau moyen de l'industrie chimique européenne.
" Ces mesures nous permettront d'utiliser les capitaux
de Kemira pour investir dans des secteurs en croissance. Notre
portefeuille d'activités sera plus clairement défini. La nouvelle
structure du groupe canalisera les ressources vers des zones de
croissance ciblées, et augmentera l'efficacité de nos
opérations ", commente Tauno Pihlava, futur CEO de Kemira
à partir du 1er janvier 2000. Le groupe finlandais
souhaite également mieux utiliser ses fonds : les coûts élevés de
développement et de maintenance dans les secteurs des engrais et
des pigments réduisent les possibilités de développement pour les
autres secteurs.
Dans le dioxyde de titane (TiO2), Kemira se situe au sixième
rang mondial avec 7 % de parts de marché, derrière DuPont,
Huntsman, Millenium, Kronos et Kerr Mc Gee. Cette activité
représente 2514 M de Marks finlandais (423 M d'euros),
17 % du CA du groupe et 1755 personnes. L'activité
dioxyde de titane a connu de nombreux remaniements ces dernières
années : Kerr Mc Gee a repris les activités de Bayer, tandis
que Huntsman a acheté Tioxide à ICI, et que Millenium a repris
Thann-et-Mulhouse auprès de Rhône-Poulenc.
La construction de nouvelles unités étant actuellement non
rentable, à cause des impératifs environnementaux, les producteurs
de dioxyde de titane cherchent soit à acquérir des concurrents,
soit à se retirer de cette activité. Ainsi, Kemira s'était
déclaré intéressé par la reprise de Tioxide après l'échec de la
vente de ce dernier à DuPont, et prévoyait également des
augmentations de capacités (Chimie hebdo n° 37, p. 5).
Encore récemment, en janvier dernier, Kemira avait investi
220 MF pour améliorer sa productivité et augmenter ses
capacités de dioxyde de titane. Mais l'échec de sa tentative
d'acquisition de Tioxide, bloquant la part de marché du groupe
finlandais à 7 %, l'a poussé à se retirer de cette activité.
Il possède des unités de production aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et
en Finlande, qui totalisent une capacité d'environ
320000 t/an.
Dans les engrais, les ventes de Kemira ont baissé de 4 %
en 1998, et les prix européens ont chuté de 10 à
15 %, à cause de la pression accrue des importations (qui
atteignent jusqu'à 25 % de part de marché), et de la forte
compétition des acteurs locaux. L'Europe avait ainsi dû ouvrir une
procédure antidumping contre les importations d'engrais azotés de
six pays. Les importations avaient en effet doublé, et s'étaient
traduites par une forte baisse des prix.
Cette situation très difficile pour l'industrie des engrais
devrait se poursuivre avec la baisse de la consommation, due à une
fertilisation plus raisonnée, et aux diminutions des revenus des
agriculteurs. En raison de ces difficultés en Europe, Kemira
avait déjà annoncé l'arrêt de la production d'engrais NPK à Pernis,
aux Pays-Bas (Chimie hebdo n°50, p.9).
Les engrais de spécialités, notamment horticoles, que Kemira
conserve, sont en revanche plus rentables. Kemira a récemment
acquis le producteur italien d'engrais horticoles Biolchim
(Chimie hebdo n°42, p.10). D'où la volonté du groupe
finlandais de garder les engrais de spécialités, plus rentables, et
de se séparer du reste.
Restructuration/Kemira souhaite sortir du dioxyde de titane et des engrais
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