Rhodia, la filiale
de groupe français Rhône-Poulenc spécialisée dans la chimie, n'aura
pas été la seule à souffrir de la conjoncture difficile (voir
p.12). Celanese, la chimie de l'allemand Hoechst, voit ses
ventes chuter de 17 %. Les produits acétylés, notamment,
ont subi de fortes pressions sur les prix en raison d'une
surcapacité mondiale. Le même phénomène frappe les oxo-alcools,
tandis que les fibres d'acétates de cellulose doivent faire face à
un marché affaibli. Avec un bénéfice opérationnel en chute de
67 %, Celanese prépare à fermer ses installations qui ne sont
plus rentables.
Les deux géants allemands de
la chimie, BASF et Bayer, ont également annoncé des résultats en
recul : leurs chiffres d'affaires affichent une baisse de
- 8,2 % à 6,8 Mrds d'euros pour le premier, et
de 4,6 % à 7 Mrds d'euros pour le second. Les
résultats nets, quant à eux, chutent de 22,4 % (à
323 M d'euros) chez BASF et diminuent de 7,9 % à
399 M d'euros pour Bayer. Ces contre-performances
trouvent leur origine dans la chute des prix de vente des produits
chimiques. BASF commente ce phénomène en indiquant que, malgré le
haut niveau des volumes de vente pratiquement comparable à celui de
l'année dernière, la chute de prix de 8 % a masqué les
performances et plombé les résultats. Ce qui explique notamment la
baisse de 12,4 % du chiffre d'affaires en Europe, où le groupe
est actif dans le pétrole et le gaz. La situation en Amérique du
Nord et en Asie s'est en revanche légèrement améliorée. L'évolution
par secteurs n'est guère réjouissante : les matières colorantes et
produits d'ennoblissement voient leurs ventes reculer de
4,4 %, les produits chimiques de 13,3 %, les matières
plastiques et fibres de 4,9 %, le pétrole et gaz de
23,5 %. Seule la division santé et alimentation affiche une
croissance de 2,5 %. Les produits phytosanitaires ont
notamment enregistré de bonnes performances. Du côté de la
pharmacie, les profits ont été quelque peu amputés par les dépenses
marketing liées au Meridia, le médicament destiné à faire perdre du
poids, désormais en concurrence directe avec le Xenical de Roche.
Les bénéfices ont chuté de 27 % dans ce dernier
secteur.
Chez Bayer, les activités de la santé sont
les seules à côtoyer la croissance : + 11 % des
ventes à 1,9 Mrd d'euros, performance stimulée par
l'acquisition de Chiron Diagnostics à la fin de l'année
dernière. La chute du bénéfice opérationnel de 49 % à
132 M d'euros
provient des charges exceptionnelles liées à
cette acquisition. La division des produits chimiques connaît la
plus forte baisse, - 17,2 %, à 930 M d'euros,
en raison des cessions effectuées l'année dernière. L'érosion des
prix, liée à de forts stocks, a entraîné une chute de bénéfice
opérationnel de 26 %. Les polymères ne sont guère mieux lotis,
avec des ventes en recul de 6 %. En revanche, le bénéfice
opérationnel du secteur progresse de 20 % grâce à la baisse
des prix des matières premières. L'agriculture, de son côté,
enregistre des ventes en baisse de 2 %, et les produits
photographiques d'Agfa de 1,5 %. Le groupe allemand se
séparera d'Agfa le 1er juin prochain, en plaçant 50 % du
capital en Bourse. Dans ce contexte morose, le président a annoncé
son intention de fermer quatre à cinq sites de production à
travers le monde dans les trois prochaines années pour réaliser
des économies de 700 M DM. Il a précisé que ces mesures
concerneront des sites européens, tandis que sur les sites
allemands, certaines activités seront regroupées. Par ailleurs, une
usine spécialisée dans les techniques génétiques sera à la
fabrication du Kogenate, un traitement de l'hémophilie.
Pour l'année 1999, Bayer vise un bénéfice
imposable de 2,8 Mrds d'euros, contre
2,7 Mrds d'euros l'année dernière : " ce ne sera
certainement pas facile, et nous pourrons le réaliser que si nous
n'avons pas de mauvaises surprises majeures " commente
Manfred Schneider, le patron de Bayer. Les résultats de ce premier
trimestre sont sans surprise, mais ne doivent pas servir de bases
pour l'extrapolation des résultats sur l'année, précise M.
Schneider. Le mois de mars a été meilleur que le tout début
d'année, et les signes de stabilisation permettent d'envisager une
amélioration de la conjoncture. Schneider souhaite " ne
rater aucune opportunité destinée à renforcer la position de Bayer
par le biais d'acquisitions ". BASF, de son côté,
prévoit un premier semestre difficile, mais compte, pour le second,
sur des valeurs plus proches de celles de la même période de 1998
pour les affaires opérationnelles. Le groupe poursuivra son
programme de réduction des coûts, et d'augmentation de
l'efficacité. n
Résultats trimestriels/Un début d'année difficile pour la chimie allemande
Nous vous recommandons

Les persulfates pointés du doigt en décoloration capillaire
L'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de « réduire au maximum » et « dans les meilleurs délais » les persulfates d'ammonium, de potassium et de sodium, notamment[…]

Des tensions géopolitiques qui raffermissent les cours du pétrole, sans excès

La Métropole de Lyon dévoile les 14 lauréats de son Appel des 30
