Le
groupe va désormais s'attaquer à " trouver une solution
pour redéployer une capacité de phosgène en dehors de Toulouse,
afin de pérenniser l'ensemble des activités de chimie fine qui en
dépendent ", explique Bernard Roussel porte-parole
du groupe. SNPE doit agir le plus rapidement possible afin de
perdre le moins de parts de marché et de clients possibles. La
solution la plus longue serait sans nul doute la construction d'une
nouvelle unité.
Mais d'autres hypothèses sont envisagées comme le rachat
d'une unité existante ou l'accroissement des capacités de phosgène
sur les autres sites du groupe (trois aux Etats-Unis, un en
Hongrie et un en Chine où la construction d'une seconde ligne de
fabrication de phosgène vient d'être lancée). Cependant ces autres
sites, beaucoup plus petits, ont actuellement une capacité globale
de phosgène largement inférieure à celle qui était en place à
Toulouse (environ 36 500 t/an).
Concernant l'hypothèse du rachat d'une unité existante, les
concurrents ne sont guère nombreux en Europe : Bayer, BASF
(sur trois sites), Huntsman, Rhodia à Pont-de-Claix qui achetait
d'ailleurs une petite quantité de phosgène à SNPE, le suisse
Orgamol et Lonza. La plupart utilisent le phosgène pour des
productions intégrées.
Pour la SNPE, ce futur redéploiement qui inclut la
fabrication des dérivés, représentera un véritable enjeu dans la
mesure où une grande partie des parts de marché sont actuellement
perdues et qu'il faudra alors progressivement les regagner.
Le groupe avait de son côté proposé un redémarrage à Toulouse
des activités du phosgène à flux tendu avec la mise en place d'un
processus on line (utilisation du phosgène au fur et à
mesure des besoins) ce qui aurait beaucoup réduit le stockage de
phosgène. Ces propositions sont restées "lettre morte".
Actuellement seul Isochem, qui n'utilise pas de
phosgénation et emploie 38 salariés, a donc obtenu un feu
vert. Parmi les principaux produits d'Isochem figurent le
pentoprazole, matière active d'un anti-ulcéreux de Byk Gulden,
et l'amiodarone, matière active d'un anti-arythmique
cardiaque. Ces productions n'ont pas été suspendues grâce à leur
redéploiement sur d'autres sites et Isochem n'aurait quasiment pas
perdu de clients.
Concernant les autres activités qui devraient redémarrer, une
réunion du Comité départemental d'hygiène est prévue le 19
juillet.
Le redémarrage des activités spatiales concerne
essentiellement la fabrication du perchlorate d'ammonium, matière
première du propergol, également fabriqué à Toulouse, et
celle de monométhylhydrazine (MMH). Le propergol est utilisé
comme carburant pour Ariane, pour la propulsion de missiles
tactiques et stratégiques et les générateurs de gaz pour
airbags.
La MMH est utilisée comme comburant pour le troisième étage
d'Ariane 5 et pour les propulseurs de satellite. Pour ce dernier
produit, dont la fabrication pourrait prochainement reprendre, les
seuls autres producteurs sont au Japon et aux Etats-Unis. De même,
seule la SNPE et un groupe américain fabriquent le perchlorate
d'ammonium.
Le gouvernement soumet cependant la remise en marche d'une
partie de cette activité spatiale, essentiellement le perchlorate
d'ammonium et le propergol, à des investissements de l'ordre de
10 millions d'euros, suite à un rapport de la direction
régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement
(Drire). Parmi ces investissements figurent la construction d'un
bâtiment de confinement pour le stockage de l'ammoniac, la
modernisation du réseau incendie et la réduction du stockage de
chlore (8 tonnes contre 120 tonnes avant le
21 septembre).
Les productions qui pourront redémarrer comprennent également
une petite partie des activités de synthèse de chimie fine non
liées au phosgène.
Ainsi SNPE prévoit de remettre en activité la fabrication de
carbonate d'allyldiglycol (ADC) entrant dans la fabrication des
verres organiques, une niche où SNPE n'a que deux concurrents, la
filiale italienne de Great Lakes et l'américain PPG. De même
dans le domaine phytosanitaire, SNPE reprendra la fabrication du
thiazolinonethione, un intermédiaire pour la phénamidone, une
nouvelle matière active d'un antimildiou de l'ex-Aventis
CropScience.
En revanche, l'hydrogénation des catalyseurs utilisés pour la
production de vitamine A chez Roche devrait être arrêtée, du
fait de l'arrêt du réformeur utilisé pour la production de monoxyde
de carbone, entrant dans la fabrication du phosgène, et qui
produisait également de l'hydrogène.
Un dernier obstacle restera à franchir : l'obligation de
" tout mettre en ?uvre afin que le périmètre de dangers des
risques résiduels se limite à celui de l'entreprise ",
a indiqué le gouvernement. SNPE a cinq ans pour se mettre en
conformité avec cette décision.
Reste aussi et surtout à trouver le financement, à la fois
pour régler la question du plan social qui devrait être à
l'ordre du jour du Comité Central d'Entreprise, le 18 juillet
prochain, et trouver un financement au redéploiement dans le
phosgène. Le ministre de l'Economie, Francis Mer, qui a reçu
Jacques Loppion, le 2 juillet, n'a pour l'instant fourni
aucune réponse aux questions du p-dg de SNPE. Cependant ce dernier
devra intervenir, l'Etat étant actionnaire à 99 % de SNPE.
C.C.
Toulouse/SNPE cherche désormais à retrouver de nouvelles capacités
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