
© Roquette
La chimie du végétal s'affirme dans le paysage industriel. DSM et Roquette ont annoncé le 28 juin la création de leur coentreprise, qui prendra le nom de Reverdia. L'accord porte sur la production, la commercialisation et le développement d'acide succinique biosourcé. DSM et Roquette seront actionnaires à part égale de la coentreprise, qui sera basée aux Pays-Bas. Les deux compagnies, qui travaillent ensemble depuis 2008, étaient jusqu'à maintenant sous un contrat de collaboration de R&D. Elles ont ainsi développé des technologies de fermentation pour produire de l'acide succinique biosourcé, dont les premiers volumes ont été produits sur le site historique de Roquette à Lestrem (Pas-de-Calais), en 2009 (CPH n°458). Plusieurs centaines de tonnes d'acide succinique y ont été produites, essentiellement à partir de maïs et de blé, permettant à Roquette et DSM d'établir de premiers contrats avec des partenaires. Les résultats prometteurs de la coopération ont poussé les deux protagonistes à renforcer leur partenariat.
Biopolymères, notamment le polybutylène succinate (PBS), plastifiants, solvants, additifs verts, dégivrants : l'acide succinique représente un marché de 30 000 t/an au niveau mondial, indique Patrick Fuertes, directeur du programme BioHub. « C'est encore modeste, mais l'acide succinique biosourcé n'est pas seulement positionné dans le remplacement de l'acide succinique d'origine fossile, il est également sur un nouveau marché. Il ouvre des portes à des utilisateurs qui ne voulaient pas employer l'acide d'origine non végétale », complète-t-il. L'acide succinique biosourcé est très compétitif par rapport à son homologue d'origine fossile. Il présente la particularité d'être un diacide et peut donc se substituer à d'autres diacides, également susceptibles d'occuper des parts de marché significatives. La demande est mondiale, d'après Roquette. C'est le cas du marché des polyuréthanes où l'acide succinique peut remplacer une partie de l'acide adipique utilisé pour leur fabrication. L'Asie, quant à elle, concentre des petits producteurs du polymère biodégradable PBS, mais pas d'origine biosourcé. « L'étape suivante sera de décider d'une unité industrielle pour rendre le procédé viable, explique Patrick Fuertes. On ne pourra pas démarrer en même temps plusieurs usines, il faudra donc exporter au début. Mais le succès de ce genre de développement implique à terme plusieurs sites de production. » Une phase d'expansion suivra donc, qui impliquera que Reverdia s'adapte à la matière première selon l'endroit où les unités de production seront construites. Une attention toute particulière sera portée à l'analyse du cycle de vie, afin de s'inscrire tout à fait dans une démarche respectueuse de l'environnement. La production d'acide succinique biosourcé devrait se faire vraisemblablement à côté d'un site de production de Roquette, qui en possède 18 à travers le monde, mais « beaucoup d'options sont possibles », avance Patrick Fuertes. Le site de Lestrem pourrait par exemple bénéficier d'une extension pour accueillir une production.
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