2006, annus horribilis pour la chimie en France? Si l'on fait la liste de tous les projets de fermetures d'ateliers et parfois même d'usines, ainsi que celle des plans sociaux, la réponse est plutôt oui. La plus mauvaise nouvelle vient du côté de Carling où l'une des deux lignes du vapocraqueur de Total Petrochemicals doit être fermée.
Et les syndicats sont très
inquiets sur l'avenir de la seconde ligne. La France pourrait ainsi
perdre l'un de ses sept vapocraqueurs. Celui de Lacq est le dernier
à avoir été fermé. Des arrêts d'activités, il y en a pléthore chez
Arkema. L'année 2006 a été marquée par l'annonce de la fermeture de
trois usines (Villers-Saint-Paul, Pierrefitte-Nestalas et
Loison-sous-Lens) et de quatre ateliers. Sans compter le
déménagement du siège social. Chez Rhodia, c'est toujours la
“stratégie de la machette” pour tenter d'éponger une dette
colossale qui s'élevait en fin d'année à un peu moins de 2 Mrds€.
En 2006, le groupe s'est séparé de ses silicones, de ses films
industriels et de sa synthèse exclusive. De son côté, SNPE semble
au bout du rouleau. Malgré trois restructurations en trois ans, le
groupe a dû se résoudre à vendre des bijoux comme DMC (placage par
explosif). Isochem et NeoMPS sont aujourd'hui sur la sellette. À
cette liste, il fait ajouter la fermeture du site Hunstman de
Saint-Fons, celle de Cytec près de Dijon… Un triste bilan qui va de
pair avec un tassement de la croissance de la production et
l'adoption définitive de Reach qui ne manquera pas de peser sur la
compétitivité des entreprises.
Faut-il pour autant faire
ses valises pour la Chine? Rien n'est moins sûr car il y a encore
des lueurs d'espoir. À côté de ses restructurations, Arkema a
réalisé en 2006 des extensions de capacités en France sur des
produits à haute valeur ajoutée. Et sa stratégie est saluée par un
parcours boursier sans faute depuis son introduction le 18 mai
dernier. Quant à Rhodia qui a aussi investi en France, il est en
train de se constituer un pactole potentiel de près d'1 Mrd €
de chiffre d'affaires supplémentaire avec des quotas d'émissions de
CO2 qu'il s'apprête à revendre. L'opportunité par lui d'éponger
tout ou partie de sa dette et de redémarrer sur des bases nouvelles
alors que le groupe aura enfin renoué avec les bénéfices sur
l'exercice 2006.
Et puis, il y a les
promesses de la chimie verte. Les industriels français ont
résolument pris ce virage à travers notamment la création du
BioHub. Porté par Roquette, ce projet pourrait conduire à la
construction de bioraffineries qui apporteront à l'industrie
chimique des matières premières issues du végétal. Certes, il ne
s'agit pas de courcircuiter la pétrochimie, mais ces matières
premières végétales pourraient couvrir 10 à 15 % des besoins en
intermédiaires. Parallèlement, le développement des énergies
renouvelables est aussi source d'opportunités. Un projet de 250 M€
a été annoncé à Saint-Auban à l'initiative du consortium Silpro
pour la construction d'une unité de production de silicium
solaire.
D'autres secteurs
prioritaires devraient émerger et une structuration en filière
pourrait se mettre en place sur les conseils du Cosic. Pas à pas,
les préconisations du rapport Garrigue se mettent en place et la
chimie avance.